samedi 14 mars 2009

Les 17 syllabes...



Le plus simple est de résumer en 17 syllabes tout ce qu’on trouve à portée de la main.
Les 17 syllabes constituent la structure poétique la plus commode à maîtriser :
on peut l’appliquer aisément en se lavant le visage, en allant aux toilettes, en prenant le train.
La facilité de l’usage de ces 17 syllabes implique celle de devenir poète :
il ne faut pas mépriser cette activité sous prétexte qu’elle est trop accessible
et que la poésie exige une sorte d’initiation.
Je pense que la commodité est bien au contraire une vertu qu’il convient de respecter.
Supposons que l’on soit en colère : la colère prend aussitôt la forme de 17 syllabes.
Sa transmutation en 17 syllabes en fait la colère d’un autre.
Une même personne ne peut pas en même temps se mettre en colère et composer un haïku.
On verse des larmes. On métamorphose ces larmes en 17 syllabes.
On en ressent un bonheur immédiat.
Une fois réduites en 17 syllabes, les larmes de douleur vous ont déjà quitté
et l’on se réjouit de savoir qu’on a été capable de pleurer.

Sôseki, Oreiller d’herbes, 1907.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

je viens de parcourir vos billets. Cette citaton de Soseki m'a retenu.

Je reviendrai.